Marielou Jacquard, Anastasie Lefebvre de Rieux et Constance Luzzati enregistrent fin 2022 les Songs of Sleeps de Grace Williams pour la plateforme de musique en ligne La Boîte à Pépite. . La rencontre musicale est une évidence : elles fondent le trio Haydée, construisant un répertoire soigneusement choisi pour leur formation, s’intéressant tant aux œuvres inédites des compositrices du siècle passé qu’aux créations les plus récentes.
« De lumière et de cieux embrasés », donné pour la première fois au festival Un temps pour elles en juillet 2022, représente une traversée qui conduit l’auditeur du crépuscule à l’aube, tant au sens propre qu’au travers des métaphores associées aux variations lumineuses. Les cieux du vers de Baudelaire, empruntés à la pièce éponyme d’Edith Lejet, s’embrasent à l’orée de la nuit comme à sa sortie, désignant ainsi ce moment de bascule dont poètes et compositrices se délectent : hommage aux anciens au crépuscule de leur existence dans Rêveries d’aïeules d’Hedwige Chrétien, passage du vivant vers la mort dans les Litanies d’Edith Canat Chizy, mais aussi éveil à l’amour, telle une aube irisée pleine de promesse, dans Awakening Galatea de Kati Agocs, teintée de soleils aux tons clairs dans Pour ceux qui aiment. Ces lumières en demi-teintes éveillent les sens et se parent des attraits de la séduction, lorsqu’elles sont associées à l’eau moirée et ses reflets, chez Rosy Wertheim notamment.
La nuit, au cœur de ces jeux de lumières, est tantôt sombre et cauchemardesque, consumant le poète des Songs of Sleep de Grace Williams, tantôt le lieu d’un rêve flottant dans une indolence presque hypnotique, dans Reflets de Lili Boulanger.  Elle est aussi pure, et son obscurité permet que se détachent, lumineuses, les étoiles scintillantes (Nuit d’étoiles, À une étoile). Au cœur de l'obscurité, c'est aussi Piaf qui chante la nuit des rue de Padam auprès de son Accordéoniste, laissant libre cours aux valses mélancoliques et autres chants de désir.
Les oiseaux - quant à eux - annonciateurs de la nuit (Rossignolet) comme du jour, accompagnent ces traversées lumineuses, ces moments de bascule où le jour et la nuit se mêlent, ces moments où l’être humain se laisse toucher et joindre dans ce qu’il a de plus intime, dont les oiseaux de Viardot se font le porte-voix.

Jouant l'acrobate entre musique baroque et création contemporaine, Marielou Jacquard cultive son goût de l'éclectisme dans la diversité de son répertoire. Elle commence sa formation de chanteuse très jeune à la Maîtrise de Radio France, puis à la Hochschule für Musik Hanns Eisler à Berlin et suit de nombreuses masterclasses à la fondation Royaumont. Elle collabore régulièrement avec le Poème Harmonique de Vincent Dumestre (Coronis), Correspondances de Sébastien Daucé et l’ensemble Pygmalion de Raphael Pichon. Sur scène, on a pu la voir récemment dans Coronis de Duron, Lakmé de Delibes à l’opéra comique et elle incarne en ce moment Despina dans Cosi fan Tutte de Mozart, un spectacle joyeux et déluré d’Eric Perez en tournée en France. Très impliquée scéniquement, le théâtre musical tient une place importante dans son parcours artistique et elle créée de nombreux spectacles alliant musique et théâtre pur. On la retrouvera d’ailleurs à l’automne prochain dans une reprise de Sans Tambour, nouveau spectacle de Samuel Achache. Elle donne par ailleurs de nombreux concerts de musique de chambre et de récitals et est à l’origine de plusieurs créations. 

Formée à la flûte auprès de Jean-Claude Marin et Georges Alirol, Anastasie Lefebvre de Rieux se perfectionne au piccolo au CNSMD de Paris, dans la classe de Pierre Dumail.  Membre de l'Orchestre des Frivolités Parisiennes, elle est également régulièrement invitée par les grandes phalanges orchestrales : l'Orchestre Philharmonique de Radio France, l'Orchestre de l'Opéra de Paris, l'Orchestre National de France, l'Orchestre de Chambre de Paris ou encore Les Dissonances.  Artiste aux multiples facettes, elle se produit dans différentes formations de musique de chambre.  Son enthousiasme pédagogique et sa passion pour la musique sont récompensés par l'obtention d'un Certificat d'Aptitude du CNSMD de Paris et sa réussite au concours de Professeur de la Ville de Paris. Elle enseigne la flûte et le piccolo au conservatoire du 8ème arrondissement de Paris

Interprète et musicologue, la harpiste Constance Luzzati a remporté plusieurs concours internationaux tout en conduisant une recherche sur la transcription du répertoire baroque du clavecin vers la harpe. Titulaire d’un doctorat, de 6 prix du CNSMDP, elle s’est produite en soliste dans les grandes salles et festivals français ainsi qu’en Europe, aux USA et au Japon. Conférencière et professeur de culture musicale, elle est titulaire du CA et enseigne l’histoire de la musique au CNSMDP. Elle se forme par ailleurs en théologie, dans le cadre d’un master à l’université de Genève. Son actualité discographique permet de l’entendre dans des répertoires de chambre (Charlotte Sohy, 2022 ; La montagne magique, 2023) et soliste : Enharmonique, première monographie consacrée à Jean-Philippe Rameau à la harpe, parait en 2023.